Accueillis dans la nuit par Jocelyne dans un Beyrouth chaud et humide, nous partons le lendemain, avec Toufic Aris, visiter le quartier de Bourj Hammoud pas loin du port, où vivent les 800 familles soutenues par l’association arménienne dans laquelle Toufic est engagé. La situation économique désastreuse atteint de plein fouet les libanais ; les clubs Ziléos ont contribué l’hiver dernier à la distribution de colis repas mensuels.
Belles rencontres, poignantes avec deux de ces familles. Le père de l’une d’elle a été licencié du jour au lendemain, après 20 ans dans une joaillerie où il était soudeur. L’indemnité de chômage n’existe pas au Liban, il n’a plus aucun revenu pour lui, ses 3 enfants et sa femme, comment faire face ? Dans 15 mètres carrés, la chaleur est intenable. Depuis un mois, l’Etat ne fournit plus l’électricité. Les générateurs privés tournent à plein régime, encore faut-il pouvoir les payer l’équivalent d’un salaire par mois. La famille sort entre 17h et minuit pour trouver un peu d’air. Malgré tout nous avons eu de très beaux échanges et pu admirer les talents de leurs enfants vifs et plein de vie ! Pour la 2ème famille, le papa en plus est tombé malade. Quand la monnaie a perdu 15 fois sa valeur en 1 an ½, vous imaginez la situation de ces familles !
Nous sommes reconnaissants d’avoir pu rencontrer ces personnes et pu découvrir de l’intérieur la réalité si difficile dont Toufic nous parle depuis des mois. Ils font, avec son association, un travail précieux.
Puis nous avons retrouvé Rabih, ami depuis 20 ans, il était des premiers jeunes aux camps que Patrick avait organisé au Liban avec Fondacio. Il nous a guidés dans le quartier en face de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020. La violence de l’explosion est perceptible, encore beaucoup d’immeubles sont en ruines à des kilomètres du port.
Après une bonne rencontre vendredi matin avec l’actuel doyen de la faculté de théologie de l’université Jésuite St Joseph, nous avons rencontré dans sa paroisse Maronite à Jounieh, le Père Raphaël, pour préparer la journée de présentation de Ziléos aux jeunes responsables dans la paroisse, samedi.
Cécile, Yara, Joseph, Nour… pour ne citer qu’eux, nous ont accueillis avec chaleur et nous ont émerveillés par leurs engagements pour des activités de la paroisse auprès des plus jeunes. Ils animent une école d’été pour tous ceux qui le souhaitent. Ils ont aussi monté – en application de Laudato Si – un tri et un ramassage des ordures. Ce qui n’existe pas actuellement au Liban.
Cette journée, dont vous voyez les photos, a été l’occasion d’échanges en profondeur sur la situation actuelle du Liban, en particulier pour les jeunes. Comment garder l’espérance quand la situation se dégrade et qu’aucune issue ne se dessine, dans une situation déjà extrême ? La foi est mise à l’épreuve, ils nous ont pourtant montré comment la prière, la communauté et le service qu’ils vivent les nourrissent.
Nous avons également présenté Ziléos et décidé (si la Covid le permet) de donner une formation à la vision et la pédagogie de Ziléos, début décembre prochain, pour démarrer Ziléos dans la paroisse. Session initialement prévue en avril 2020. Nous sommes très heureux de ce séjour.
« Pour moi Patrick, après 15 voyages entre 1998 et 2010, je n’étais pas venu depuis 11 ans. Les évolutions de la société sont frappantes et nous devrons en tenir compte dans notre formation de décembre. »
Comme vous pouvez le constater, après ce voyage, ce beau pays si éprouvé nous est encore un peu plus cher.
Un très grand merci à Toufic et Jocelyne pour leur accueil et le très bon programme de ces jours.