Si Dieu existe et qu’il est amour, pourquoi permet-il la COVID ? La question paraît simple, mais essayer d’y répondre pour voir. Et ce n’est qu’une question, parmi tant d’autres, que les jeunes qui participent aux clubs et aux camps de Ziléos se posent et à laquelle correspond une fiche pédagogique spécialement créée pour eux.
C’est la tâche à laquelle s’emploient, depuis bientôt dix ans, Muriel du Souich et Patrick François, les deux chevilles ouvrières responsables de l’élaboration du répertoire de fiches thématiques que Ziléos met à la disposition de ses animateurs et responsables au service des jeunes.
L’idée est simple. Il s’agit de répondre aux questions des jeunes, des plus fondamentales aux plus ardues. « Tous les sujets des fiches pédagogiques qui sont abordés dans nos clubs, nos camps, sont des questions venues des jeunes et qui continuent à venir d’eux », explique Patrick François, responsable général de l’Association Ziléos.
Celle qui collabore avec lui dans ce travail de bénédictin admet volontiers qu’il existe des sujets plus difficiles à aborder. « C’est sûr que faire une fiche sur le bien et le mal, c’est pas mal difficile », avoue Muriel du Souich qui, depuis 2011, a entrepris, avec Patrick François, l’énorme tâche de doter Ziléos d’un imposant catalogue d’outils pédagogiques.
Mère de quatre enfants et longtemps rédactrice en chef adjointe de « Croire aujourd’hui », une revue religieuse éditée par le groupe de presse Bayard, en France, Muriel du Souich fouille à travers sa vaste collection de publications pastorales pour dénicher des articles ou ouvrages qui traitent des questions que se posent les jeunes et qui nourriront les fiches pédagogiques.
« On essaie principalement de toucher les questions liées à la recherche de sens, à la relation aux autres, à la relation à Dieu, au rapport au monde et à l’engagement », précise-t-elle.
Mais comment s’y prennent ces deux « apôtres des temps modernes » pour trouver réponse aux nombreuses interrogations qui assaillent les jeunes ? Il faut beaucoup de rigueur et une méthode de travail où le talent de l’un complète parfaitement celui de l’autre. Une sorte d’osmose. Patrick François explique.
« On fait une équipe, Muriel et moi. Elle épluche un sujet souvent à partir d’ouvrages religieux qui ont déjà traité la question. On se voit toutes les semaines, à raison de quatre heures par rencontre. Elle fait d’abord un premier travail de recherche (articles de presse, livres, revues, etc.) et quand on se retrouve, on travaille en visioconférence. Muriel fait davantage un travail sur le fond. Elle collige et synthétise. Moi, j’apporte mon expérience d’adaptation du public jeune ».
Muriel abonde dans le même sens. « On définit d’abord les objectifs de la fiche. On rédige ensuite ensemble, Patrick et moi. Nous sommes très complémentaires ».
Nouvelle réalité, nouvelle interrogation
Les questions proviennent des animateurs sur le terrain qui ont écouté les jeunes les leur poser. Ainsi, chaque année, de nouvelles interrogations surgis sent. La société avance et génère de nouveaux questionnements.
« Les questions sur la COVID, par exemple. Qui aurait cru pouvoir les poser, il y a même moins d’un an de cela ? Les questions sur le terrorisme, sur l’environ nement, sur les nouveaux outils numériques ? Cela aurait été impensable il y a à peine quelques années », observe Patrick François.
Et puis il y a les grandes questions fondamentales de l’existence qui traversent le temps. « Qui suis-je, où vais-je, où cours-je ? Parce que dans 10 ou 15 ans, ces questions sur le sens de la vie seront toujours là, même si la manière de les poser, elle, aura peut-être changé » ajoute-t-il.
Ziléos ne cherche pas à imposer aux jeunes sa propre vision des choses et du monde. Il s’agit simplement d’aider les jeunes à étayer une pensée personnelle par rapport aux questions qu’ils se posent. Pas question non plus de leur proposer des réponses toutes faites. « On ne veut pas en faire des béni-oui-oui. On veut en faire des jeunes garçons et des jeunes filles, bientôt de jeunes adultes qui peuvent penser par eux-mêmes, avec des convictions éclairées », s’enflamme Patrick François.
Et puis, il faut ajouter la difficulté de bien distinguer les différents groupes d’âge auxquels s’adressent les fiches. On ne parle pas à des jeunes de 11 à 14 ans de la même façon qu’on le ferait pour des jeunes de 15 à 19 ans ou de 19 à 25 ans, les trois groupes constituant la coeur de cible de Ziléos.
Parler au coeur et à l’intelligence
En Église, cela fait plus de 30 ans que Patrick observe les jeunes. Alors, il ne se dit pas surpris de voir surgir autant de questionnements sur autant de sujets. Même constat chez Muriel qui ne s’étonne pas du tout de cette avalanche de questions.
« Aux jeunes, il faut parler au cœur. Et parler aussi à leur intelligence. On ne veut pas leur réciter notre catéchisme et nos histoires à nous. Ce dont on parle, c’est de Jésus, ses réactions, sa vie, son message et de l’expérience qu’ont vécue les gens en le fréquentant. On veut que les jeunes sentent qu’à travers Ziléos, l’Église est là, et à travers elle, c’est Dieu qui est présent pour répondre à leurs questions et prendre soin d’eux », déclare Patrick.
L’approche unique de Ziléos
Bien entendu, Ziléos n’est pas la seule organisation pastorale à proposer des outils pédagogiques adaptés à une clientèle jeunesse. Dans le milieu catholique, par exemple, il existe des mouvements qui offrent des programmes ciblant les jeunes.
« Mais, corrige Patrick, à ma connaissance, aucune organisation n’offre un parcours aussi complet que Ziléos, qui va des commencements dans la foi jusqu’à devenir des disciples du Christ ».
Autre distinction : un jeune est libre à Ziléos. Aucune étape ou participation ne lui sont imposées. C’est toujours une question de choix. De plus, les fiches sont retravaillées sans cesse sur le terrain par les animatrices et animateurs qui se les réapproprient. Et les thématiques abordées font appel à des spécialistes qui interviennent dans chaque club ou camp, selon les besoins. S’il est question de sexualité, de psychologie, de théologie, de prière, d’entrepre neuriat ou d’écologie, des intervenants spécialisés dans ces domaines sont mis à contribution.
Le pari des petits miracles
Patrick François parie que les jeunes ainsi encadrés par Ziléos en retireront quelque chose, aujourd’hui même ou dans quelques années. « Si on prend les jeunes au sérieux, il se produit des petits miracles. Et peut-être qu’à 25, 30 ou 40 ans, ils se souviendront encore de ce qu’ils ont entendu et appris dans nos camps, dans nos clubs ou dans notre parcours Approfondir la Foi Chrétienne. Et ce sera alors déterminant pour leur vie. C’est ça le vrai pari ».
Un trésor inépuisable
Au fil des ans, Ziléos s’est doté d’un riche catalogue de programmes, tant qualitativement que quantitativement. Au bas mot, le répertoire de Ziléos compte 1400 pages d’outils pédagogiques. Avec trois tranches d’âge visées, les programmations totalisent quatre ou cinq ans d’animations diverses d’avance. C’est plus de 7000 heures de travail mises à la disposition des équipes d’animation.
« Nous n’aurons jamais terminé de répondre aux questions des jeunes, fait valoir Patrick. Le jour où on n’aura plus de questions qui remontent des jeunes jusqu’à nous, ça voudra dire qu’on aura perdu le contact avec eux ».
En passant, vous voulez connaître la réponse à la question en début d’article, à savoir si Dieu existe et qu’il est amour, pourquoi permet-il la COVID ?
« Il n’y a pas de réponse simple à cela. Dieu n’a jamais voulu la souffrance. La fiche essaie de répondre à toutes les interrogations », ajoute Muriel du Souich. Patrick, lui, sourit. On devine qu’il a presque envie de nous dire : « Si vous connaissez un jeune qui est inscrit à nos activités, demandez-lui la réponse. Il la connaît sûrement ».